Nantes

Affaire René Martin Nantes : le procureur saisit la justice

Un audit interne commandé fin septembre par l'association culturelle nantaise CRÉA révèle des « dysfonctionnements manifestes » dans l'organisation du travail et des « comportements inappropriés » de son directeur. Le rapport, remis mercredi 22 octobre au procureur de la République à Nantes, Antoine Leroy, conduit ce dernier à saisir dans les prochains jours un service d'enquête pénale.

Affaire René Martin Nantes : le procureur saisit la justice après un audit accablant sur les pratiques managériales au CRÉA

Le parquet de Nantes a annoncé mercredi l’ouverture prochaine d’une enquête pénale visant le directeur de l’association culturelle CRÉA, à la suite d’un audit interne révélant des « dysfonctionnements manifestes » et des « comportements inappropriés ».

L’affaire éclate au grand jour trois semaines à peine après la fin de l’audit. Dans un communiqué , Antoine Leroy, procureur de la République à Nantes, a confirmé avoir reçu les conclusions d’un rapport commandé par le bureau du Centre de Réalisation et d’Études Artistiques (CRÉA), une association culturelle nantaise. C’est Aymeric Seassau, adjoint à la maire de Nantes, qui lui a personnellement transmis ce document aux conclusions particulièrement alarmantes.

Un audit sollicité en interne

Le 25 septembre dernier, le bureau de l’association décidait de diligenter un audit interne sur les pratiques managériales en son sein. Mené entre le 29 septembre et le 17 octobre 2025, cet examen visait trois objectifs : obtenir une vision précise de la situation des salariés, qualifier juridiquement certains faits le cas échéant, et identifier des axes d’amélioration.

L’audit s’est appuyé sur la collecte et l’étude de divers documents, ainsi que sur l’audition de quatorze personnes, toutes salariées de l’association. Un détail révélateur : la quasi-totalité de ces personnes ont souhaité, « en l’état », que leur nom ne soit pas rendu public, signe probable d’un climat de travail tendu.
« Dysfonctionnements manifestes » et saisine de l’inspection du travail

Les conclusions du rapport font état de « dysfonctionnements manifestes » dans l’organisation et les conditions de travail au sein du CRÉA. Face à ces constats, le procureur M.Antoine Leroy a annoncé qu’il saisirait « à brefs délais » l’inspection du travail, qui procédera aux investigations habituelles. Ces vérifications permettront, « le cas échéant, de caractériser des infractions au code du travail », a-t-il précisé.

Mais c’est sur le volet pénal que l’affaire prend une dimension plus grave encore. Le rapport évoque des « comportements inappropriés » du directeur du CRÉA. Sans entrer dans les détails, Antoine Leroy a indiqué que ces éléments pourraient, « de son point de vue », caractériser des infractions pénales de type harcèlement au travail, « mais seulement après que seront réalisées des investigations plus approfondies ».

Une enquête pénale imminente

« À cette fin, je saisirai donc, dans les tous prochains jours, un service d’enquête pénale qui sera chargé d’investiguer sur ces événements », a annoncé le magistrat nantais. C’est au terme de cette enquête qu’il décidera « des suites judiciaires qu’il conviendra de lui donner ».

Le procureur s’est montré prudent et a refusé d’entrer dans le détail du dossier : « Je n’envisage pas de communiquer plus précisément sur le fond du dossier avant cette date », a-t-il déclaré, soulignant qu’il ne pouvait se prononcer « à la seule lecture de ce document ».

De son coté, la Ville de Nantes rompt avec René Martin.

Cette affaire intervient dans un contexte de vigilance accrue sur les questions de harcèlement au travail et de conditions de travail dans le secteur associatif et culturel. Les conclusions de l’enquête pénale et des investigations de l’inspection du travail seront déterminantes pour la suite de cette affaire qui ébranle le monde culturel nantais.