Au fond des mers : une plongée onirique pour les tout-petits au Théâtre Quartier Libre d’Ancenis-Saint-Géréon. Le Collectif 23 h 50 signe un spectacle immersif délicat qui éveille les sens des enfants dès 6 mois. Entre théâtre d’ombres et chorésigne, cette création poétique explore les mystères de la vie avec une grâce inattendue
Il y a quelque chose de profondément juste dans l’idée de s’adresser aux tout-petits par le prisme de l’eau. Au fond des mers, proposé par le Collectif 23h50 au Théâtre Quartier Libre, fait ce pari audacieux : plonger les enfants de 6 mois à 4 ans dans un univers aquatique et intra-utérin, là où tout a commencé, où les formes ne sont pas encore fixées, où la vie se cherche.
Le dispositif est d’une simplicité désarmante : deux plongeuses explorent les profondeurs marines. Mais ce que le spectacle dévoile en vingt-cinq minutes relève moins de l’expédition sous-marine que d’une traversée initiatique. Au détour d’un jeu d’ombres, surgit une créature indéfinissable, protéiforme, qui va se métamorphoser sous les yeux émerveillés des spectateurs. Grandir, muer, jusqu’à ce moment décisif où elle sort de sa coquille.
Un langage sensoriel
Le Collectif 23 h 50 ne raconte pas une histoire, il la fait vivre par tous les sens. Théâtre d’ombres chinoises, marionnettes délicates, chorégraphie fluide et chorésigne – cette langue des signes dansée – composent un vocabulaire visuel accessible aux plus jeunes. Les lumières sculptent l’espace, créent des reliefs mouvants où se dessinent des formes qui évoquent autant le plancton que les premiers battements d’un cœur.
Ce parallèle entre océan et ventre maternel n’est jamais appuyé, juste suggéré avec une pudeur rare. On pense aux photographies de Lennart Nilsson, à ces images de la vie avant la naissance qui avaient fasciné toute une génération. Mais ici, tout est poésie, mouvement, fluidité.
La beauté du vivant
Ce qui frappe dans Au fond des mers, c’est cette façon de célébrer la diversité et la beauté du monde vivant sans tomber dans le didactisme. Pas de leçon sur l’écologie marine, pas de discours sur la protection des océans. Juste une invitation à contempler, à s’émerveiller de ces transformations incessantes qui font le miracle de la vie.
Pour les tout-petits, encore si proches de leurs propres métamorphoses, le spectacle résonne comme un écho familier. Ils reconnaissent peut-être, dans cette créature qui grandit et change, quelque chose de leur propre expérience. Les parents, eux, y verront sans doute un reflet de ce qu’ils ont vécu : cette attente, cette gestation, cette émergence.
La jauge volontairement limitée garantit une intimité précieuse. Dans ce cocon protégé, les enfants peuvent pleinement s’abandonner à l’expérience, sans être submergés par une salle trop vaste. Le Théâtre Quartier Libre, fidèle à sa mission de rendre la culture accessible, propose ce spectacle au tarif unique de 5 euros pendant les vacances scolaires – une initiative qui mérite d’être saluée.
Au fond des mers prouve, s’il le fallait encore, que l’art pour la petite enfance n’a rien d’un sous-genre. C’est un petit bijou de fraîcheur qui traite son jeune public avec le respect qu’il mérite : celui de spectateurs à part entière, capables d’émotions complexes et de contemplation poétique.
Une bulle d’émerveillement qui laisse, après vingt-cinq minutes à peine, une empreinte durable.
Au fond des mers : une plongée onirique pour les tout-petits
Théâtre Quartier Libre, Ancenis-Saint-Géréon.
Au fond des mers, Collectif 23 h 50.
Mardi 21 octobre à 9 h 30, 11 h et 15 h 30.
Théâtre Quartier Libre – Tarif unique : 5€.
Durée : 25 min. – Dès 6 mois.
Réservation indispensable : 02 51 14 17 17
Visuels @ Céline Lecomte.
