Châteaubriant

Deux objets du Musée de la Résistance lauréats du « plus Grand Musée de France »

Marcelle Baron et Émile David sont deux figures de la résistance de la Seconde Guerre mondiale. Leurs objets, exposés au Musée de la Résistance à Chateaubriant, vont être rénovés grâce au programme plus Grand Musée de France. Récit de leurs histoires.

Deux objets du Musée de la Résistance lauréats du « plus Grand Musée de France ».

Un gobelet de fer émaillé et une maquette d’hydravion, deux objets exposés au Musée de la Résistance de Châteaubriant seront réparés, remis en état. Le temps et les manipulations passées avait endommagé ses objets de mémoire. Les élèves du LEP Saint-Joseph à Châteaubriant ont élu à une très large majorité lors du «Concours du plus Grand Musée de France ».

Une maquette d’hydravion et un gobelet en tôle émaillée

Ses objets sont chargé de sens car ils sont intimement liés aux destins de deux résistants, une femme et un homme : Marcelle Baron et Émile David.

Marcelle Baron

Aujourd’hui, on connait le collège d’Héric qui porte le nom de Marcelle Baron. On connait moins l’histoire de cette résistante hors-norme qui fut envoyée dans le camp de concentration de Ravensbrück.

Marcelle Baron est née le 14 juillet 1909 à Nantes. Elle décède le 4 mai 2011. C’est une militante communiste, résistante française à l’occupation allemande et au Régime de Vichy pendant la Seconde guerre mondiale.

Elle débute comme employé de bureau-comptable chez Brissonneau et Lotz (une usine) à Nantes.

Mariée à Alfred Baron, un militant très actif dans le Parti communiste français (PCF) et de la CGT, ils ont deux enfants : Jean Claude et Annick. Le jour de l’arrivée de l’armée allemande à Nantes, le 19 juin 1940, elle devient elle-même membre du PCF.

Arrêté le 28 mars 1944 pour cause de résistance, organisation de réunion clandestine et hébergement d’évadé, elle est torturée par la Gestapo. Le 13 mai 1944, Marcelle Baron est déplacé vers le camp de concentration de Ravensbrück. Elle se voit attribuer le matricule n°38773.

Marcelle Baron et les autres déportés seront libérés le 7 mai 1945, le voyage pour retourner a Nantes se fera au cours du mois de mai.

Gobelet de Marcelle Baron

C’est grâce à un gobelet de fer émaillé sur lequel elle avait tracé en blanc le prénom de ses deux enfants, que Marcelle Baron réussi à garder le moral durant ces épreuves. On y lit « Jean-Claude » et on a du mal à distinguer le prénom de sa fille « Annick » qui a été effacé par le temps.

Le gobelet, aujourd’hui objet de mémoire, va être restauré grâce aux élèves de Saint-Joseph qui ont défendu leur projet. Grâce également aux mécènes privés et à la région des Pays de la Loire qui abondent le fonds du plus Grand Musée de France, initiative de la Sauvegarde du Patrimoine Français.

Émile David

Son nom est donné à une cellule communiste nantaise. Émile David est né le 29 juillet 1922 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), il fusillé comme otage le 22 octobre 1941 à Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique). C’est un mécanicien-dentiste et militant communiste.

Sur la plaque sur le site de Châteaubriant, on peut lire sa bio :
Fils d’Émile David, chaudronnier à la Compagnie des chemins de fer d’Orléans, militant communiste de longue date du département de Loire-Inférieure (Loire-Atlantique) et dirigeant du Parti communiste à la veille de la déclaration de guerre, et de Nathalie Gaugain, sans profession, Émile David était, en 1939, trésorier régional des Jeunesses communistes, secrétaire de l’organisation nantaise et l’un des plus actifs militants du cercle de Doulon. Il avait été interné à l’île d’Yeu en décembre 1939.

Le soupçonnant d’être à l’origine de distributions de tracts dans son quartier, le préfet ordonna une perquisition à son domicile le 15 février 1941. Seuls quelques documents périmés furent découverts mais Émile David fut arrêté par la police municipale nantaise le 17 février et interné au centre de séjour surveillé du Croisic avant d’être envoyé, le 2 mai 1941, au camp de Choisel à Châteaubriant.

Il fit partie des internés désignés comme otages à la suite de l’exécution par Gilbert Brustlein du lieutenant-colonel Hotz, commandant de la place de Nantes. Sa lettre à ses parents terminée, il écrivit sur l’une des parois de sa baraque : « Les vingt-sept qui vont mourir gardent leur courage et leur espoir en la lutte finale et la victoire de l’URSS, libératrice des peuples opprimés. »

Avant de mourir, il a écrit une lettre a sa mère. Il explique que l’hydravion est pour son petit-frère :

 » Ma chère petite maman adorée,
Et mon petit frère René, ainsi que mon cher papa,
A l’heure où tu recevras ces quelques mots, je serai loin de vous et pour toujours. En effet, il est 1h30 et les Allemands viennent nous chercher pour être transportés vers une destination inconnue.
Je vais vous dire tout de suite que je dois être fusillé, ainsi que 26 autres camarades. Nous mourrons avec l’espoir que ceux qui resteront aurons la liberté et et le bien-être.
Mes dernières pensées sont celles-ci : j’ai fait une paire de sabots à trèfle à quatre feuilles pour toi chère maman ; et l’hydravion pour mon cher petit frère. Je n’ai rien pour Suzanne. Je demanderai qu’une partie de mes photos lui soit remise. Bien triste souvenir que cette lettre, mais mourir à présent ou plus tard, cela n’a pas d’importance.
Ne t’en fais pas, maman, et garde ta force et ton courage, car songe qu’il y a mon frère, mon cher petit René à élever. Toutes mes affaires te seront transmises et tout mon matériel.
Adieu, ma chère petite maman, et adieu aussi à toi mon cher René.
Je n’écris pas à papa, car cela le chagrinera assez vite. Adieu, une dernière fois et songez que tous mes camarades pensent à vous.
Adieu, mon bon papa ; je vous ai toujours aimés malgré que je vous aie fait beaucoup de peine.*
Adieu, adieu à tous. »
Cet hydravion de bois est visible également au musée de la Résistance de Châteaubriant (photo de Une). Il a besoin d’une réfection sur des pièces essentielles.
Visuels : Alain Moreau.

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