Nantes

Nantes rompt avec René Martin : la Folle Journée secouée

La Folle Journée, festival emblématique qui rassemble chaque année 140 000 spectateurs, entre dans la tourmente.

Nantes rompt avec René Martin : la Folle Journée secouée par un scandale managérial. Un audit accablant met fin à la collaboration entre la ville de Nantes et René Martin, directeur du CRÉA. Violences managériales, exposition à des contenus pornographiques : les conclusions sont sans appel.

C’est un séisme pour l’un des festivals de musique classique les plus populaires de France. Mercredi 22 octobre, la mairie de Nantes a annoncé la rupture immédiate de toute collaboration avec René Martin, directeur du Centre de réalisations et d’études artistiques (CRÉA), structure organisatrice de la Folle Journée. En cause : un audit interne aux conclusions dévastatrices, révélant des pratiques managériales inacceptables et l’exposition de salariés à des contenus à caractère pornographique.

« Les principes d’exemplarité ont été bafoués »

Dans un communiqué au ton inhabituel pour une collectivité territoriale, Johanna Rolland ne mâche pas ses mots.

« La synthèse de l’audit démontre que les principes d’exemplarité, de respect des droits des salariés et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, sont bafoués », affirme la maire de Nantes. Elle ajoute, catégorique : « La Ville de Nantes ne transige et ne transigera jamais sur ces principes. »

L’audit, commandé par le bureau de l’association CRÉA lui-même, a été transmis à la municipalité après qu’Aymeric Seassau, adjoint à la Culture, en ait formellement demandé les résultats dans un courrier du 22 septembre. Les conclusions sont suffisamment graves pour que la ville de Nantes ait décidé de saisir le procureur de la République, sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale qui oblige tout fonctionnaire ayant connaissance d’un crime ou d’un délit à en informer la justice.

Une situation « difficile et douloureuse » pour les équipes

Dans son courrier adressé mercredi au président du CRÉA, Aymeric Seassau ne laisse aucune ambiguïté : « La collaboration de la collectivité avec René Martin s’arrête dès aujourd’hui. » Une décision radicale qui place désormais le conseil d’administration de l’association face à ses responsabilités. « Il appartient au Conseil d’administration du CRÉA de tirer toutes les conséquences des résultats de cet audit et d’apporter une réponse conforme à la gravité de la situation », insiste l’élu nantais.

Johanna Rolland a tenu à adresser un message de soutien aux salariés : « J’assure les victimes, les salariés, de mon plein soutien dans ce moment difficile et douloureux. » Un geste important alors que les équipes du CRÉA se retrouvent au cœur d’une tourmente qui dépasse largement le cadre professionnel habituel.

La Folle Journée doit continuer

Malgré le choc, la municipalité veut croire en l’avenir du festival. « La Ville de Nantes se tient aux côtés de l’ensemble des équipes du CRÉA, et les assure de son attachement à la Folle Journée de Nantes », déclare Johanna Rolland, saluant « la réussite de cet événement exceptionnel, si précieux pour la communauté artistique comme pour les publics très nombreux ».

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la 30ᵉ édition, qui s’est tenue en début d’année, avait réuni 1 500 artistes et 140 000 spectateurs lors de 270 concerts. Un succès qui fait de la Folle Journée un rendez-vous incontournable de la vie culturelle française et un atout majeur pour le rayonnement de Nantes.

« La collectivité est entièrement mobilisée aux côtés de l’équipe du CRÉA pour réussir l’édition 2026 et poursuivre l’aventure de la Folle Journée de Nantes », assure la municipalité. Un engagement fort, mais qui ne pourra suffire à effacer le malaise créé par ces révélations. Le conseil d’administration du CRÉA est désormais attendu au tournant : saura-t-il prendre « les décisions qui s’imposent » et « préserver les emplois et les activités de l’association » ? La réponse conditionnera l’avenir d’un festival qui ne peut plus faire comme si de rien n’était.

Visuel de Une : Mickaël Liblin sur Facebook de la Folle Journée.