Nantes

Nantes : Un premier point sur la Cathédrale

Les travaux de reconstruction de la Cathédrale de Nantes pourraient durer trois ans. Si tout va bien.

Nantes : Un premier point sur la Cathédrale. Moins d’uns semaine après l’incendie qui endommageait la Cathédrale St Pierre de Nantes, M.Claude d’Harcourt, Préfet des Pays de la Loire, réunissait la presse pour un premier point. Il s’entourait des acteurs du Ministère de la Culture, de La Drac, des Monuments historiques,et du SDIS44.

Il était hors de question de parler de l’enquête judiciaire qui se poursuit. Le Préfet a juste précisé que l’Apave, organisme de contrôle indépendant, venait de vérifier les installations électriques en début de ce mois de juillet. Ce mercredi, le Préfet parlait des opérations conduites, de la sécurisation, des expertises et du phasage des opérations de reconstruction de l’édifice.

M. le Préfet des Pays de la Loire est revenu sur la célérité et le professionnalisme des pompiers du SDIS 44. « Les opérations l’ont été de manière exemplaire. Un  riverain signalait l’incendie à 7h43. Les premiers moyens ont été engagés quatre minutes plus tard. » La caserne principale se situe rue Joffre, soit tout proche de la Cathédrale. « Le feu était maitrisé à 10h27. Au total ce sont 211 personnels et 84 engins qui étaient sur place samedi 18 juillet 2020. Le plan de sauvegarde ainsi que le plan d’intervention étaient connus à l’avance. » poursuit le Préfet.

Conduire le chantier avec toute la sérénité nécessaire

Ce sont les services déconcentrés du Ministère de la Culture, la Drac des Pays de la Loire qui dirigera les travaux. Elle a la maitrise d’ouvrage sur l’ensemble des travaux à venir, aussi bien sur la bâti que sur le mobilier de la Cathédrale de Nantes.

Quels délais pour la reconstruction de la Cathédrale de Nantes ?

L’incendie de la Cathédrale, samedi 18 juillet 2020,  à provoqué moins de dégâts sur l’édifice religieux que l’incendie du 28 janvier 1972. A l’époque, a toiture avait été totalement détruite. Treize années furent nécessaires pour qu’un nouvel office ait lieu en 1985. La toiture fut reconstruite en béton et non en bois.

Combien de temps pour effacer les dégâts ?  Marc le Bourhis, directeur de la Drac des Pays de la Loire apporte une première réponse.« La première unité de mesure sera en semaines. Très vite ce sera de sécuriser le monument et de mettre à l’abri les personnels. Puis ce sera de mener les expertises, et notamment l’identification et la mise à l’abri des restes. La deuxième unité de mesure, elle sera en mois. Il y aura la période du diagnostic et des études que l’on souhaite bien sûr la plus courte possible. Et la dernière unité de mesure, ce sera en années. Et là ce sera la période de la reconstruction. »

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Marc Le Bourhis, directeur de la Drac, Claude d’Harcourt, Préfet de région écoutent attentivement Philippe Barbat directeur général du patrimoine © Alain Moreau.

La phase de sécurisation

Pour Valérie Gaudard, Conservatrice régionale des Monuments Historiques « La façade occidentale qui s’ouvre sur le parvis qui a énormément souffert par le fait de l’apport intense de chaleur. L’incendie a touché le Grand Orgue, l’orgue de la Tribune de la Cathédrale Le feu crée un effet d’éclatement de la pierre. Et donc les meneaux de la grande verrière et les pierres de l’ensemble de cette façade sont fortement altérées. Cela signifie que les pierres sont instables. Il faut donc procéder à différentes phases de sécurisation. Elles sont en cours en ce moment avec un périmètre de sécurité sur le parvis. Une entreprise est déjà à pied d’œuvre pour purger les meneaux instables. »

« Aujourd’hui une entreprise avec une nacelle sécurise en purgeant les pierres instables. Elle cercle les morceaux des meneaux solidairement avec l’ensemble de la maçonnerie. Et ensuite, des filets de protection sur les faces internes et externes seront tendus afin de maitriser le risque de chute de pierres. A l’intérieur un autre filet au-dessus de la tribune d’orgue, une sorte de pare-gravois pour permettre l’accès à la tribune de l’orgue. Les équipes de la police judiciaire pourront intervenir. »

La phase du diagnostic, des expertises…

Le deuxième aspect de ces premiers travaux est la phase de l’expertise. Samedi à 17 h, une restauratrice de textiles enlevait des pièces textiles. Les autres expertises concernent les peintures.

Une douzaine d’experts au chevet de la Cathédrale de Nantes

Voici venu le temps des expertises. Toute cette semaine les spécialistes s’affairent dans l’édifice. Le tombeau des Ducs de Bretagne est près d’un des trois foyers de l’incendie. Il recevra la visite d’un expert. Le climat intérieur la température et le taux d’hygrométrie sont à surveiller de près. Les soldats du feu ont détrempé le bâtiment. Un expert qui connait bien le grand Orgue le vérifiera dans cet amas de cendres. Il regardera également l’orgue de Chœur, qui lui a beaucoup moins souffert. Quatre techniciens du laboratoire de recherche des Monuments Historiques seront sur place. Les bois ont souffert par le feu de de l’eau.

Également, il y aura un constat des pierres sculptées, et une expertise métal. Le grand orgue, c’est près de 6.000 tuyaux. Cela représente plusieurs tonnes d’alliage d’étain et de plomb fondu. Une analyse sur la possible pollution a lieu dans le même temps.Tous ces spécialistes viennent faire des des constats d’état, des diagnostic sanitaires sur ces œuvres.

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Valérie Gaudard Conservatrice régionale des Monuments Historiques et Pascal Prunet, architecte en chef des Monuments Historiques © Alain Moreau.

…et de la reconstruction

L’architecte en chef des Monuments Historiques, Pascal Prunet rendra ses préconisations fin août. « Trois zones de traumatismes dont la façade ouest, façade occidentale a le plus souffert. Elle est hors de danger immédiat. La façade occidentale est le point de départ cette Cathédrale. C’est le début de la construction du 15e siècle, voulu par François II, qu’Anne de Bretagne, sa fille, a essayé d’achever. Elle ne l’a pas achevée…L’église actuelle est en grande partie 19e pour toute la partie du transept au chevet. Cette partie de la façade occidentale est la zone patrimoniale la plus précieuse dans l’histoire de l’architecture de la Cathédrale. Et il y avait le grand vitrail… qui a explosé. Les verres sont en très petits fragments.

Les vitraux, un puzzle…

« Il y avait trois éléments de vitraux majeurs du 16e siècle…[tie_tooltip text= »Ouverture allongée verticalement, surmontée d’un arc (tête de lancette). Elle est souvent pratiquée dans la partie inférieure d’un remplage où plusieurs peuvent être juxtaposées en étant séparées par des meneaux. » gravity= »n »]des lancettes[/tie_tooltip] . Le reste du vitrail était en verre blanc. La question se posera de refaire le vitrail ou d’en créer un nouveau.

De l’orgue, il ne reste que des fragments qui sont toujours en expertise. On est toujours en phase de sécurisation…

Le tombeau de François II et de Marguerite de Foix, mère d’Anne de Bretagne, épargné par l’incendie, est dans des conditions précaires. L’hygrométrie provoque des sels extrêmement délétères. Ce tombeau a été remonté au plâtre en 1817. Et il y a des sels qui ont tendance à changer de phase. A cristalliser ou à se solubiliser à de forts taux d’hygrométrie. Cette œuvre d’art est dans un état de grande fragilité. »

Pour l’architecte en chef des Monuments Historiques, la reconstruction peut durer trois ans. Si tout ce passe bien. Durant les travaux, l’édifice religieux ouvrirait en partie au public.

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Fissure entre trumeau des baies du triforium et coursive/plafond du triforium, en bascule côté intérieur © Document Pascal Prunet

Une souscription pour le grand orgue

Le grand orgue a quatre cents ans d’histoire. Sa construction remonte à 1621. Restauré et agrandi en 1784 par François-Henri Clicquot, facteur d’orgue du roi. Et dont la partie interne a été modernisée en 1970 par la maison nantaise Beuchet-Debierre. Il est combustible. L’instrument est est en bois, en plomb et en  étain. Lors de l’incendie, les températures s’élèvent à plus de 1000 °. Les tuyaux, eux, fondent aux alentours de 220 et 230°C. Cet orgue était installé sur une plateforme érigée en 1620. On y accède par un escalier de 66 marches. Cette plateforme sur laquelle il se situe est très instable et menace de s’effondrer.

Les plans de l’instrument, restauré en 1971 sont aux archives départementales de Loire-Atlantique. Une souscription est actuellement en ligne. On peut y faire un don pour la rénovation du Grand orgue. « La Fondation du patrimoine invite donc tous ceux qui le souhaitent à faire un don en faveur de la reconstruction d’un grand orgue à la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes. »

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