À Saint-Nazaire, un hommage à Robert Badinter face à la profanation.
Alors que l’ancien garde des Sceaux fait son entrée au Panthéon ce jeudi, le maire de Saint-Nazaire annonce vouloir baptiser une promenade publique en son honneur, après la profanation récente de sa sépulture.
La panthéonisation de Robert Badinter, décédé en février 2024 à l’âge de 95 ans, intervient dans un contexte troublé. La profanation de sa sépulture au cimetière du Montparnasse, début octobre, a suscité l’indignation générale et ravivé les débats sur la résurgence de l’antisémitisme en France.
À Saint-Nazaire, le maire David Samzun (PS) a saisi cette occasion pour rendre hommage à celui qu’il qualifie d’« immense figure morale ». Lors d’une déclaration publique, l’édile a annoncé son intention de soumettre au prochain conseil municipal un projet de dénomination d’espaces publics en mémoire de l’ancien ministre de la Justice.
Une promenade symbolique
Le projet consiste à baptiser « Promenade Robert Badinter » un ensemble d’espaces publics s’étendant de l’usine élévatoire jusqu’au monument à l’abolition de l’esclavage de Jean-Claude Mayo, en passant par les Rives d’Estuaire, son parc et son théâtre de verdure. Un choix hautement symbolique pour honorer l’héritage de celui qui consacra sa vie à la défense des droits fondamentaux.

« Toute sa vie, il a lutté contre l’antisémitisme et l’homophobie et ouvert la voie au mariage pour tous », a souligné David Samzun, rappelant l’engagement multiforme de Robert Badinter au-delà de son combat emblématique pour l’abolition de la peine de mort en 1981.
Un hommage national
L’entrée de Robert Badinter au Panthéon consacre une vie dédiée à la justice et aux libertés. Avocat pénaliste, il marqua l’histoire en défendant des condamnés à mort avant de faire voter l’abolition de la peine capitale. Président du Conseil constitutionnel de 1986 à 1995, sénateur, il incarna jusqu’à la fin de sa vie une certaine idée de l’humanisme républicain.
La profanation de sa tombe, survenue quelques jours avant cette cérémonie nationale, a été unanimement condamnée par la classe politique. Une enquête a été ouverte pour « violation de sépulture aggravée ».
Saint-Nazaire n’est pas la première commune à vouloir honorer la mémoire de Robert Badinter. Plusieurs villes de France ont déjà baptisé ou annoncé leur intention de nommer des rues, places ou établissements publics en son nom, témoignant de l’empreinte durable laissée par cet artisan des libertés fondamentales.
Le conseil municipal de Saint-Nazaire devrait se prononcer sur cette proposition dans les prochaines semaines.
