Monsieur Philippe Grosvalet, Sénateur de Loire-Atlantique : « Monsieur le Ministre, je ne sais pas si à HEC, ou sur les bancs de Science-Po, on enseigne cela, mais s’agissant de développement industriel, mon grand-père vous aurait dit : « On ne fait pas pousser les carottes en tirant sur les feuilles ». À méditer.
Si l’évaluation par la cour des comptes de « Territoires d’Industrie » établit un renforcement de la coopération et une meilleure mobilisation des acteurs locaux, l’échec de l’état et de ses opérateurs, et des régions à prioriser et à coordonner leurs moyens et interventions sur les territoires labellisés est aussi souligné.
Le manque de direction claire, les errements subsistant sur le pilotage et la coordination sont révélateurs d’une absence de vision globale adaptée aux spécificités de chaque territoire.
En réalité, Monsieur le Ministre, pour faire pousser les carottes, il faut avant tout un terreau fertile.
Nos industries ont besoin pour s’épanouir d’un ensemble de politiques publiques coordonnées à l’échelon local : recherche, innovation, enseignement supérieur, formation, logement, transport, accompagnement financier, urbanisme, politique foncière.
Des dysfonctionnements observés par la cour des comptes
Dès lors, Monsieur le Ministre, nous ne pouvons pas nous satisfaire des discours incantatoires de vos prédécesseurs. Nous avons besoin de preuves.
Qu’envisagez-vous concrètement pour remédier aux dysfonctionnements observés par la cour des comptes et comment, dans cette situation politique instable, comptez-vous donner à nos entreprises la capacité de se projeter dans le temps long ? »
Monsieur Marc Ferracci, Ministre délégué chargé de l’Industrie : « La recherche d’efficacité doit être au cœur de toutes les politiques publiques, d’où mon attention aux rapports du Sénat et de la Cour des comptes.
Nous devons avoir des chefs de projets plus nombreux, une coordination régionale. Nous y travaillons avec Régions de France.
Et nous devons nous articuler avec France Travail localement, et collecter davantage de données pour un meilleur suivi. Il faut mesurer l’impact de nos actions. Cette collecte doit s’accélérer afin que nous puissions réaliser un bilan plus fréquent de l’efficacité du programme, actualisé tous les six mois.
Interrogeons-nous également sur la refonte des périmètres et du ciblage. Certains critères sont désormais mieux pris en compte, et les territoires sont sélectionnés sur l’aspect opérationnel des projets.
Il est nécessaire d’avoir une approche interministérielle. Je vous présenterai des éléments plus globaux prochainement. »
Cordemais et Saint-Nazaire
Monsieur Philippe Grosvalet : « Monsieur le Ministre, je vais vous donner deux exemples de territoires, d’industries où le Gouvernement, et non pas l’État, aurait pu ou pourrait être directement concerné.
Le premier serait, par exemple, de revenir sur la décision du précédent Gouvernement, à Cordemais, d’abandonner un magnifique projet industriel novateur en matière de transition énergétique.
Le deuxième, ce serait, sur mon territoire et dans ma ville, par exemple, de signer et de ne pas reporter indéfiniment la signature pour la signature de la commande d’un porte-avion.
Je le dis, car là où l’État est directement impliqué, vous pouvez aussi mettre à mal une entreprise, des grandes entreprises et leurs sous-traitants, en reportant des commandes de cette nature. »