Théâtre de Verre

Le Théâtre de Verre a 20 ans

Le Théâtre de Verre a 20 ans. Au début des années 90, Châteaubriant ne compte aucun équipement culturel. Retour sur la genèse du Théâtre de Verre.

En 1992 à Châteaubriant, la maire de l’époque, Martine Buron fait appel à Michel Courbet pour coordonner un service culturel. Et réfléchir à une programmation artistique avec du spectacle vivant. À l’époque, les spectacles avaient lieu dans divers endroits de Châteaubriant. Et notamment au Sélect, un cinéma à l’ancienne avec balcon et scène. Mais qui n’avait pas vocation à recevoir des spectacles professionnels. Le lieu ne répondait plus aux normes techniques, hors d’âge.

Très vite la construction d’un équipement dédié fait son chemin. Une structure dimensionnée pour recevoir le public se devait d’être accessible facilement, donc en centre-ville. À partir d’une feuille blanche, on s’attelle à une rédaction précise. Rien ne sera laissé au hasard dans le cahier des charges. De la dimension des sièges pour un confort optimal pour les techniciens. De pouvoir travailler debout, de se glisser en chaque point du théâtre facilement, d’en faire le tour. Avec l’équipe municipale, ( Jean-Claude Orrière,  adjoint, Claude Perrault, …) une vingtaine de lieux culturels sont visités, en Bretagne et Pays de la Loire.

 » La scène à la hauteur du public, c’est un vrai choix, la salle de répétition avec le même parquet que la scène, c’est aussi un choix, »  se souvient Michel Courbet  » Je voulais également que les camions puisent rentrer directement sur le plateau pour que le rechargement se fasse rapidement sans fatigue après chaque spectacle afin d’éviter les accidents, je me suis bagarré sur le fameux portail coulissant…Chaque détail a compté, rien n’a été laissé au hasard. » Même exigence du côté de l’acoustique  » M.Chu, l’acousticien qui a dirigé la construction de la Cité de la Musique à Paris a supervisé les travaux acoustiques au Théâtre de Verre. Pour le cube de verre, la prouesse technique a reçu l’assistance de RFR l’entreprise qui a œuvré sur la Pyramide du Louvre. »

Il est décidé que la dent creuse à gauche de l’ancienne Poste, place des Terrasses_l’actuelle place Charles de Gaulle_ sera l’endroit idéal. Pour l’anecdote, Michel Hunault, député fraîchement élu aux législatives de 1993 sous la bannière RPR, tentera en vain de faire classer les urinoirs adossés à l’ancienne Poste pour faire capoter le projet.

Un concours est lancé. Trois projets sont retenus. Dont celui du cabinet d’architectes Haumont-Rattier, à Châteaubriant qui emporte l’appel d’offres. Les jeunes architectes s’associeront à Jacques Beaudouin, architecte nantais qui les guidera. Les Bâtiments de France donneront toute de suite leur accord effaçant les craintes d’une telle architecture dans le périmètre proche du château. Il est jugé innovant et respectueux de l’environnement immédiat.

Le chantier du Théâtre de Verre est lancé le 23 septembre 1994

Nous sommes lors de la deuxième cohabitation sous le gouvernement Balladur. Le ministre de la Culture de l’époque, un certain Jacques Toubon ( RPR) ne daignera pas mettre le moindre centime dans la construction de l’édifice.  » La mairie est socialiste, on ne donne rien «  . Martine Buron, prend alors la décision que la ville de Châteaubriant financera le projet. Seule la Région des Pays de la Loire apportera son concours sur les 24 Millions de francs de l’époque.

Le résultat, une audace architecturale.

Une action urbanistique forte. Qui vingt ans après détonne et force l’admiration, des artistes, du public et des visiteurs de passage à Châteaubriant.

 » Le Théâtre de Verre fait partie des dix lieux de haut niveau en France. Lorsque nous connaissons nos dates quelques mois à l’avance et que l’on voit que sommes programmés au Théâtre de Verre, nous savons que nous allons passer un très bon moment, lance Sansévérino lors d’une interview en mai 2015. C’est la troisième fois que je suis programmé et ici, nous sommes proches du public . »

Aujourd’hui, l’histoire donne raison aux promoteurs de ce projet. Le Théâtre de Verre reçoit un public beaucoup plus large que la seule programmation culturelle. Les associations de danse, Extra Va Danse,…y présentent chaque mois de juin le spectacle de fin d’année. Les séances scolaires, les conférences de l’université permanente, les forums. Autant d’événements qui utilisent ce lieu, un des rares en Loire-Atlantique avec un tel taux d’occupation. Grâce à une politique tarifaire attractive, le Théâtre de Verre réussit le pari de réunir devant une même scène des gens de tous les âges. De tous les bords.

Malgré le changement de municipalité et la volonté de M. Alain Hunault de taire le vingtième anniversaire, le Théâtre de Verre restera dans le temps. L’équipe actuelle sous la direction de Frédéric Pithois tente chaque année de proposer une programmation de qualité, variée, intelligente et populaire.

Haumont-Rattier, du crayon à la réalisation

Jean-Charles Haumont et Yves Rattier sont installés architectes à Châteaubriant depuis 1983.  Au début des années 90, ils n’ont à leur actif, que la salle de l’Herminette à Rougé, à montrer comme salle de spectacles. Ils ont en face d’eux de plus gros cabinets,  le challenge n’est pas mince. Alors que les autres concurrents proposent ( Cabinet Ménard, Pondevie,…) une entrée rue Pasteur, Haumont et Rattier ont le cran de présenter le Théâtre de Verre face au château. Pour eux, une évidence. Cette audace est payante. Une fois le concours gagné, ce sera plus d’un an et demi d’études en tous genres.

Le Théâtre de Verre a 20 ans

Sur les 20 mètres de façade, les architectes ont eu la volonté de détacher ce cube de 12 mètres de base afin de le mettre en valeur. Neuf mètres sortent du sol, un pavement de schiste_référence à la région_garnit le parvis et contraste avec les matériaux nobles que sont le verre et le bois du plancher du premier niveau.

Le visiteur attentif remarquera le biais de l’escalier de béton brut, monolithique, dans l’axe de l’entrée du château au nord-est et de l’entrée de la salle à l’opposé. Pas moins de 200 pieux plantés sur ce terrain alluvionnaire, des poteaux en lamellé collé, lancés au ciel, tels des totems. Le désembuage des façades vitrées dont l’idée fut trouvée en regardant, un matin le fonctionnement du pare-buée de sa voiture au dessin et à la conception des sièges que nul fabricant industriel ne proposait. Des coups de gueule avec les bureaux d’études, de la coordination avec Michel Rioualec, scénographe, spécialiste des salles de spectacles à la livraison dans les délais vue la saison qui allait commencer, le duo Haumont-Rattier, aidé de Jacques Beaudouin n’a pas chômé. Le cube de verre a franchit les frontières. A t-il inspiré les concepteurs de l’Apple Store de la Fifht Avenue à New-York ? Toujours est-il qu’il  donne une image positive de Châteaubriant.

Le PS section Châteaubriant organise un rassemblement le 7 octobre à 18h30 devant le Théâtre de Verre pour fêter le vingtième anniversaire du lieu.

Le Théâtre de Verre en chiffres

Le Théâtre de Verre reçoit chaque année entre 35 et 40 spectacles dans sa programmation. La Com Com du Castelbriantais apporte son concours financier. De la chanson, du blues, du jazz, du classique, du théâtre, de l’humour, des performances. Un peu plus de 1100 abonnés, soit 10 % des spectateurs ( 11 375). Une équipe de 7 personnes sous la direction de Frédéric Pithois. Elle assure la bonne marche de la salle : régisseur, sonorisateur, éclairagiste, comptable, accueil-billetterie et secrétariat.

Hors-programmation, la salle reçoit les spectacles des associations. Mais également du Conservatoire, des arbres de Noël des comités d’entreprise et des conférences. Soit 7600 spectateurs.

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