Châteaubriant

Châteaubriant : explosion du chômage et déconnexion municipale

Châteaubriant affiche sa pire hausse du chômage : +17,1% en un an selon France Travail. Pourtant, la mairie célèbre un "taux le plus bas depuis 2008". Entre les demandeurs d'emploi réels et communication triomphaliste, un décalage qui interroge la gestion municipale.

Châteaubriant : explosion du chômage et déconnexion municipale.

En septembre 2025, Châteaubriant enregistre une hausse spectaculaire de 17,1% des demandeurs d’emploi en un an, la pire performance du département. Pourtant, la mairie affiche un taux de chômage de 5,6%, « le plus bas depuis 2008 », et célèbre une « dynamique économique sans précédent ». Entre réalité alarmante et communication triomphaliste, un décalage révélateur.

Des chiffres qui contredisent le discours officiel

Sur son site internet, la municipalité se félicite d’un taux de chômage « de l’ordre de 5,6%, le plus bas depuis 2008 », citant vaguement l’INSEE sans référence précise ni date de publication. Elle met en avant « une dynamique économique sans précédent qui ne cesse de s’accélérer. » Faux.

Données localisées sur la demande d'emploi par l'observatoire régional de l'emploi des pays de la loire

Les données officielles de France Travail de septembre 2025 racontent une tout autre histoire : 555 demandeurs d’emploi en catégorie A, soit une hausse spectaculaire de +17,1% en un an. Près de 80 Castelbriantais supplémentaires se sont inscrits à France Travail en douze mois, plaçant la commune bien au-dessus de toutes les moyennes territoriales :

+17,1% pour Châteaubriant.
+13,3% pour l’intercommunalité Châteaubriant-Derval.
+14,9% pour le bassin d’emploi.
+12% pour le département de Loire-Atlantique.

Cet écart de près de 5 points avec le département témoigne de difficultés spécifiques à la commune-centre, qui cumule fragilités économiques et concentration des publics en difficulté d’insertion.

Une concentration urbaine des difficultés ignorée

Châteaubriant comptabilise 33% des demandeurs d’emploi de l’ensemble de l’intercommunalité (555 sur 1 683 inscrits), alors que la ville ne représente certainement pas un tiers de sa population. Cette surreprésentation illustre une concentration urbaine classique des difficultés d’emploi, phénomène qui s’intensifie avec une progression supérieure à celle des autres communes du territoire.

Cette divergence avec l’EPCI (+13,3%) suggère que les communes périphériques connaissent une situation relativement moins dégradée, accentuant le décrochage de la ville-centre – une réalité que la communication municipale préfère manifestement ignorer.

Une « dynamique sans précédent »… à la hausse du chômage

Comment concilier l’annonce d’une « dynamique économique sans précédent qui ne cesse de s’accélérer » avec une explosion de 17% des demandeurs d’emploi, la pire performance départementale ? Cette contradiction révèle soit une information municipale obsolète, soit une volonté délibérée de présenter une réalité embellie aux citoyens.

L’absence de référence précise dans la communication du maire interpelle. Aucune publication INSEE citée, aucune date, aucun lien vérifiable. Cette opacité contraste violemment avec la transparence des statistiques mensuelles de France Travail, systématiquement sourcées et publiquement accessibles. Cette façon de citer l’INSEE « en général » relève davantage de l’argument d’autorité que de l’information transparente.

Quand l’autosatisfaction empêche l’action

En se drapant dans des chiffres invérifiables tout en ignorant la réalité des 555 demandeurs d’emploi castelbriantais, le maire fait le choix de la communication politique plutôt que celui de la transparence. Cette posture d’autosatisfaction est d’autant plus problématique que la situation empire plus rapidement à Châteaubriant que partout ailleurs sur le territoire.

Face à une hausse de 17% en un an, l’urgence commande lucidité et mobilisation, non la célébration d’un hypothétique « taux le plus bas depuis 2008 ». Pendant que la municipalité se congratule, près de 80 Castelbriantais supplémentaires ont basculé dans le chômage.

Cette déconnexion du réel n’est pas qu’un problème de communication : elle empêche la prise de conscience collective des fragilités du territoire et retarde la mise en œuvre de politiques adaptées. Comment mobiliser les acteurs locaux et les moyens nécessaires quand le discours officiel nie l’existence même du problème ?

Des leviers d’action urgents

Face à cette explosion du chômage, plusieurs priorités émergent :

►Renforcer l’accompagnement des publics les plus fragiles concentrés en zone urbaine, qui représentent un tiers des demandeurs d’emploi intercommunaux.
►Diversifier le tissu économique local pour réduire la vulnérabilité du territoire aux chocs conjoncturels et créer de nouvelles opportunités d’insertion durable.
►Adapter l’offre de formation aux besoins réels du marché du travail pour faciliter le retour à l’emploi et anticiper les mutations économiques.

Entre propagande et réalité

Les 555 demandeurs d’emploi castelbriantais ne sont pas des abstractions statistiques mais des habitants , hommes et femmes, confrontés à des difficultés réelles. Ils méritent autre chose qu’un maire qui leur oppose des chiffres flatteurs mais invérifiables, tout en ignorant les données officielles et récentes qui décrivent leur situation.

Sans mobilisation collective et réponses territorialisées fondées sur un diagnostic lucide, le risque est grand de voir se creuser le fossé entre Châteaubriant et les territoires environnants, avec des conséquences sociales durables pour la commune et ses habitants.

Entre propagande municipale et réalité du terrain, les Castelbriantais attendent de leurs élus non pas des slogans rassurants, mais une reconnaissance lucide des difficultés et une mobilisation à la hauteur des enjeux.